Lucien André, dans le Méridional du 20 Avril 1970, consacre au poète un
assez long article intitulé :
Une
figure alésienne : André Antonin, professeur de lettres et poète
Après avoir fait une rapide biographie, il évoque les recueils
antérieurs et futurs dont les titres auraient été : Coeur de minuit
et Les
tapisseries du couchant. A propos de Pluriel du temps le
journaliste écrit :
"...Son mètre court fait partie de cette surprise et pourtant il
convient fort bien notamment à ce grand poème épique qu'est Pour
survivre à la flamme, chargé de toute une symbolique
attachée à celle
du feu qu'a si bien analysée un Bachelard mais que nous préférons voir
entre les mains lumineuses d'un poète qui a saisi toute la puissance du
parallélisme. "Le coeur solaire brise le jour, dit il, là-haut, il
erre, là- haut il court prendre toujours le feu, c'est pour rêver sur
terre l'amer bitter." Le rythme rapide est celui du feu dévorant. Il a
abandonné la rime pour l'assonance, mais la rigueur la plus sévère
exige et ne l'embarrasse guère. Les quatre éléments se heurtent dans ce
grand poème qui finit sur un cri d'amour perdu dans la mer qui étreint
tout un monde enchanté et nous terminons sa lecture sur une belle
vision aquatique, qui nous fait songer à Apollinaire dans ce qu'il fit
de meilleur.
Des pièces plus courtes forment également Pluriel du Temps. Il
en est qui nous montrent que le poète sait également manier
l'alexandrin comme ces magnifiques Marins de l'aube
qui doivent
figurer en bonne place dans toute bonne anthologie. Tout au long du
recueil, nous découvrons une inspiration toujours égale et de la même
veine. Il a raison notre poète de dire que le silence est si
lourd qu'on ne peut plus se taire. C'est sa voix à lui que nous
voulons désormais entendre et que trouveront ceux qui voudront bien se
pencher sur son oeuvre qui commence à nous être révélée.
Nous avons bavardé trop rapidement à notre gré avec André Antonin qui,
bien que trop modeste à notre avis, a préféré parler d'autres personnes
que de lui-même. Il a mis en avant Jean Carton, un Alésien d'adoption
qui, nous dit-il, a accompli déjà une belle oeuvre de sculpteur...
André Antonin a pour frère René Aberlenc, un peintre que nous
connaissions de réputation... Il a obtenu le Prix de la jeune peinture
et celui de la Critique en 1965.
Tout cela nous éloigne du poète que tous les Alésiens pourront
contacter mardi prochain à la librairie Roustan, où il signera Pluriel du Temps,
mais nous pourrons le rencontrer aussi dans les jours qui suivront
puisque désormais il demeure en notre cité qui peut s'enorgueillir
d'avoir un poète en ses murs, un vrai dans le fond et la forme, ce qui
en réalité est loin d'être commun. Les rimailleurs sont nombreux, tout
le monde le sait, mais les poètes dignes de ce nom sont bien rares,
hélas, même à Alès."
La sortie du recueil est
annoncée et commentée dans la presse locale : Le Midi libre, Le
Méridional, Le Petit Cévenol du 28 mai 1976 et du 19 juin
1976. Poètes et
amis écrivent.
Correspondance (liste
non exhaustive) avec :
Josette Barny, Raoul Bécousse, Dominique Bedou, Luc Bérimont, Jean
Bouhier, Serge Brindeau, Yves Broussard, Pierre Caminade, Yvonne
Caroutch, Jean Cayrol, Guy Chambelland, Robert Champigny, Jean Chatard,
Andrée Chedid, Jocelyne Curtil, Pierre Dhainaut, Raymond Dubois,
Philippe Dumaine, Michelle
Dutilleux, Eugène Guillevic, René Hener, Robert Houdelot, Christian
Hubin, Armand Lanoux,
Jean-Pierre Lesieur, Henri de Lescoët, Robert Mallet, Gabrielle
Marquet, Alain Mercier, Pierre Portejoie, Gaston Puel, Paul Pugnaud,
Madeleine Poncet, Robert Prade, Annie Salager, Pierre Seghers, Jean
Speranza, Raymond Tschumi, Jean-Paul Vaillant...
Extraits :
Serge
Brindeau
:
"A cette dialectique du jour et de la nuit
La Mort fond
au matin nous avait déjà préparés. Mais, pour ma part, je
préfère les
poèmes plus denses de
Jour
sans merci."
Pierre
Caminade :
"J'ai lu aussi attentivement que possible et relu, ce jour
m'a paru à la merci de la nuit qui hante - oubli,
sommeil, rêve, crépuscule, douceur ou crainte - ces poèmes..."
Raymond
Dubois
(lettre du 9-VII-76) :
"Conscience aiguë chez vous de fixer un éclair du temps, de bloquer la
minute, d'éterniser l'instant qui n'aura pas d'histoire parce que c'est
une partie de vous, de vie consciente d'être vie et donc sans prix."
Robert
Houdelot :
"Les poèmes en prose ou rythmés ont des prolongements
secrets qui m'enchantent..."
Christian
Hubin
(Belgique) : "...
Jour
sans merci,
dont j'ai aimé le lyrisme pudique et retenu, la sensibilité inquiète,
la concision et le dépouillement - ce qui n'exclut pas des images
belles
et neuves."
Gabrielle
Marquet
:
"J'aime toujours ce que vous écrivez. Depuis
Pluriel
du temps vos textes, déjà bien rigoureux se sont encore
épurés. On est
conquis par une tendresse qui auréole chaque poème, chaque poème où
l'on trouve l'expression heureuse, originale qui enchante."
Paul
Pugnaud
(Le Temps parallèle, juin 1977) : "Dans les poèmes d' André
Antonin... la lumière et l'ombre s'unissent en un même monde qui les
métamorphose l'une et l'autre.
Une impression de dureté, au sens minéral du terme, se dégage de cette
oeuvre qui parfois éclate
"comme une pierre dynamitée par le jour"
mais garde toujours une grande sobriété d'expression."
Pierre
Seghers :
"Que poésie soit à la fois recherche d'un langage
et essentielle compagnie, votre recueil m'en assure. L'écriture ne peut
mentir, elle révèle le fond le plus secret, la démarche de celui ou
celle qui respire, vit et se libère (de la solitude, le plus souvent),
cherche à se dire et parfois y parvient.
Vos poèmes sont au nombre de ceux que je relirai, une voix parmi celles
qui m'entourent. Donc, merci."
Raymond
Tschumi,
professeur à l'Université de Saint-Gall (Suisse) : "... Je ne vous
écris pas par devoir mais par conviction; je ne parie pas, je suis
pénétré de la valeur de votre poésie...Vous avez un thème ouvert à
l'inconnu, à l'au-de-là, thème du jour et de la nuit, de la
veille et
du sommeil, du tunnel et du vertige, thème
dont j'entends d'infinies résonances et dont je me réjouis de vous
entendre pincer les notes futures.
Il y a des recueils à classer: le vôtre
m'accompagne. "
Derniers poèmes (1978, édition posthume)
L'épouse du poète, sa fille, son éditeur
Guy
Chambelland
décident
de
publier des inédits dans une édition posthume. Le recueil est salué par
un certain nombre d'amis et de confrères. Parmi eux citons :
Le peintre Jacques Petit, Jacqueline George Besson veuve du critique
d'art, les poètes Philippe Dumaine (Bételgeuse), René Daillie
(Solaire), Henri de Lescoêt, René Hener (Directeur de Points et
Contrepoints), Yves Broussard (Sud)...
Jean
Bouhier
:
"Je vais relire ce recueil précieux. Je me
propose déjà d'en parler dans une de mes chroniques..." Lettre
du 7 décembre 1978.
Guillevic :
"Je vous remercie de m'avoir envoyé les beaux poèmes d'André
Antonin, que je lis avec émotion." Lettre du 10 avril 1979.
Robert
Houdelot :
"les
Derniers poèmes d'André Antonin m'ont bouleversé. J'y ai
retrouvé son talent, son exigence, sa haute solitude de poète." Lettre
du 26 décembre 1978.
Alain
Mercier :
"Merci de m'avoir envoyé
Derniers
poèmes,
parus chez Chambelland...André Antonin très grand poète ...
Ils sont très beaux, pathétiques et vibrants." Lettre du 12 novembre
1978.